Blog sur la crise du coronavirus


16/04/20


« Alors furent libérés les quatre anges qui étaient prêts pour cette heure, ce jour, ce mois, cette année, afin de tuer le tiers de l'humanité.»

Livre de l'Apocalypse, 9: 15


Du prévisible à l'imprévisible


Il semble bien qu'on savait qu'un jour une pandémie surviendrait. On avait même déjà identifié des foyers probables d'infection. C'était prévisible, lit-on partout, non seulement au sujet de l'apparition d'un nouveau virus de ce genre, mais aussi en ce qui a trait aux dégâts qu'il est à causer en raison de notre manque flagrant de préparation. Bien sûr, on est bien loin de connaître tous les facteurs aux origines du mal. Par contre, on en soupçonne assez pour commencer à mieux agir en prévision d'une prochaine fois, que ce soit en fermant certains marchés de vente d'animaux sauvages ou en révisant la façon dont on traite les personnes âgées dans nos sociétés.

Si nos connaissances quant aux débuts de la situation dans laquelle nous nous trouvons sont en bonne voie de nous éclairer pour l'avenir, il en va tout autrement de l'immédiat. On ignore notamment si les gens rétablis sont immunisés. On n'a par conséquent aucune idée des effets bénéfiques ou non du déconfinement sur la santé. On ne sait donc pas non plus comment et quand la propagation s'arrêtera, ni jusqu'où elle ira en nombre de malades et de morts.

Nous entrons dans un nouveau monde, laisse-t-on aussi entendre un peu partout. Mais quelles nouveautés au juste caractériseront cette société inédite ? À cet effet, les hypothèses foisonnent, allant d'une plus grande attention portée à la protection de notre environnement, duquel le virus est issu, jusqu'à un effondrement du système capitaliste dont les excès ont précisément engendré la dégradation des écosystèmes tout comme celle des services publics ; ceux-ci auraient dû être prêts à confronter un pareil danger si, d'une part, on n'avait pas imposé l'austérité jusque dans les pays pourtant riches, et, d'autre part, trop fait confiance au secteur privé pour combler adéquatement des besoins fondamentaux en soins de santé.

Et qui dit débâcle financière, s'il y a, dit aussi haute possibilité d'immenses désordres et de souffrances énormes dans l'intervalle pour bien des tranches de la population tant qu'une nouvelle forme d'économie ne verra pas le jour.

Nul ne peut prévoir ce qui résultera des prises de conscience que nous sommes collectivement à faire. Quelles nouvelles politiques notamment les États se sentiront-ils forcés dorénavant de mettre sur pied non seulement à cause de la force de l'opinion, mais aussi en raison de leurs responsabilités légales à l'endroit de leurs citoyens, auxquelles ils ne pourront plus manquer aussi facilement compte tenu des évidences ressortant de l'expérience de cette pandémie ? C'est à l'espoir de sages décisions à cet effet, je crois, qu'il faut se rattacher pour que la transition éventuelle entre deux mondes soit la moins douloureuse et la plus efficace possible pour ce qui est de jeter les bases d'un avenir plus sécuritaire au plan sanitaire, et ce, pour tout un chacun. C'est la grâce que je nous souhaite en ce moment de l'histoire où nous devons apprendre plus que jamais à vivre avec l'incertitude, comme l'affirmait récemment le penseur éminemment respecté qu'est Edgar Morin.



16/04/20


« Le cinquième ange sonna de la trompette, et j'ai vu une étoile qui était tombée du ciel sur la terre : c'est à elle que fut donnée la clé du puits de l'abîme. Elle ouvrit le puits de l'abîme, et du puits monta une fumée comme celle d'une grande fournaise ; le soleil et l'air furent obscurcis par la fumée du puits. Et de la fumée sortirent vers la terre des sauterelles ; un pouvoir leur fut donné, pareil au pouvoir des scorpions de la terre. Il leur fut dit de ne pas faire de mal à l'herbe de la terre, ni à la verdure, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes, ceux qui n'ont pas sur le front la marque du sceau de Dieu. Il leur fut donné, non pas de les tuer, mais de les tourmenter pendant cinq mois d'un tourment comme celui qu'inflige le scorpion quand il pique un homme. »


Livre de l'Apocalypse, 9: 1-5


Humains claustrés : planète épargnée


Au moment où j'écris ces lignes, il y a un mois environ que les commerces non essentiels sont fermés et que les gens sont priés de demeurer à la maison. Un mois seulement et déjà on note une forte baisse des émissions de gaz à effet de serre sur l'ensemble du globe ainsi que de la pollution de l'air et de l'eau dans les zones urbaines. On rapporte aussi la présence en ville d'animaux qu'on n'y voit pas normalement. Les réseaux sociaux grouillent de messages selon lesquels « La nature reprend ses droits », accompagnés d'images plus ou moins vraies certes, mais dont la teneur n'est pas fausse quant au fond. La Terre respire alors que les humains suffoquent dans leur espace réduit et que leur quarantaine n'est pas terminée.

En effet, malgré les mots d'encouragement de la part des gouvernements qui font reluire de minces atténuations des mesures de confinement et de distanciation sociale comme le présage d'un retour aux beaux jours, il devient évident de plus en plus que celles-ci vont perdurer pendant encore des mois. S'il semble bien que cela aura des effets bénéfiques sur la nature, il en va tout autrement pour les êtres humains. Déjà l'expansion de la pandémie dans tous les espaces habités de la planète avait de quoi apeurer et même terrifier. Cependant, la perspective d'un allongement dans le temps ainsi que les divers impacts de cette prolongation ont de quoi angoisser encore plus la population, que ce soit pour sa santé ou ses finances.

Après un mois d'anxiété généralisée, on commence tout juste à mettre sur pied une plateforme d'aide psychologique à distance, accessible à tous et toutes pour confier à quelqu'un ses différentes peurs. Pendant ce temps, l'impatience gronde envers les enfants, qui ont évidemment encore moins de maturité que leurs parents pour affronter la crise. L'exaspération peut aussi exploser à l'intérieur du couple confiné. Le stress se propage à la vitesse de l'éclair, plus rapidement que le virus, avec ses répercussions délétères. Plusieurs n'en sortent pas indemnes. On a peut-être mal évalué les conséquences sur la santé mentale du fait de priver les gens de contacts humains et de presque tout ce qui habituellement les apaise et les réconforte. C'est comme si la pression augmentait dans l'autoclave et qu'on ne laissait pas la possibilité de faire sortir la vapeur. Des risques d'explosion sont à prévoir, tant pendant qu'à la suite de la pandémie, à la manière d'un choc post-traumatique. Après avoir investi massivement en mesures sanitaires et financières tout en prévoyant déjà qu'il faudra être mieux préparé la prochaine fois en ces matières, il devient clair que les pouvoirs publics devront aussi le faire en ce qui concerne la santé psychologique, et ce, en rendant bien plus abordables et plus nombreux les soins offerts en ce domaine.


11/04/20


« Le ciel se retira comme un livre qu'on referme ; toutes les montagnes et les îles furent déplacées. Les rois de la terre et les grands, les chefs d'armée, les riches et les puissants, tous les esclaves et les hommes libres allèrent se cacher dans les cavernes et les rochers des montagnes.»

Livre de l'Apocalypse, 6: 14-15


L'iniquité dévoilée


Bien sûr, on pourra arguer que l'épidémie touche tout le monde, que n'importe qui peut en souffrir et même en mourir, surtout s'il a des prédispositions comme une maladie chronique ou la vieillesse. Oui, effectivement, nous faisons tous et toutes face à la même bête, contre laquelle personne d'entre nous n'a véritablement de moyen de défense, si ce n'est de se mettre à l'abri, de se confiner, de s'isoler. Cependant, les refuges ne sont aussi bien pourvus pour chacun et chacune, pas plus au plan de la protection que du confort offert. Quand les autochtones du Canada vivent entassés dans des cabanes sans eau potable sur les réserves créées par les Blancs par exemple, on ne peut parler d'égalité devant la capacité de garder ses distances pour éviter la contamination, ni devant le bien-être plus ou moins grand procuré par le cocooning forcé.

La même logique s'applique en ce qui concerne les Afro-Américains et les sans-abris ainsi que les habitants des pays au système public de santé sous-équipé et non dotés en plus d'un filet de sécurité sociale alors que tout ferme et qu'on avait déjà peine à trouver un moyen de s'assurer un revenu minimal.

Certes, toutes ces inégalités existaient bien avant l'arrivée du nouveau coronavirus. Cependant, la pandémie jette sur elles un nouvel éclairage. Elle les met en relief, les rend plus criantes que jamais, parce que, face au même mal invisible qui menace sans distinction chaque habitant de la planète, les diverses communautés ne luttent pas à armes égales. La vie a toujours été injuste, mais la Loi du plus fort est un scandale permanent. Il y a, en effet, quelque chose d'insupportable et de totalement indécent à assister à un spectacle où les plus démunis perdent encore plus du peu qu'ils ont et risquent d'être touchés bien davantage que les autres par la maladie et même la mort. Que la crise actuelle nous révèle cette profonde iniquité n'est pas mauvais. Pour peu que nous ayons un brin de conscience morale, nous devrions y être dorénavant plus sensibles.

Or, dans un monde civilisé, par opposition à une jungle, ce sont les États qui ont la mission de créer les conditions d'une véritable égalité des chances, qui soit moins choquante en tout cas que celle qui prévaut de nos jours. Si nous sommes suffisamment indignés par les inégalités qui nous sautent maintenant davantage aux yeux, les pouvoirs politiques n'auront d'autre choix, en démocratie du moins, que de tenir compte de l'opinion publique et donc d'agir plus et mieux dans le sens d'une société et même d'une planète plus juste. Ce sera à nous d'y voir en tant que tant citoyens et citoyennes après cet épisode de l'histoire humaine qui laissera sûrement des traces, positives faut-il espérer, pour une longue durée de notre vie collective.

« Le monde ne sera plus jamais pareil », entendons-nous souvent par les temps qui courent. Ça n'arrivera pas par magie. Les circonstances nous lancent ce défi, mais il s'agit d'une invitation. À nous d'accepter le combat ou non, au seul risque de continuer à souffrir de notre indignation face aux inégalités qu'il faudrait avoir à cœur d'aplanir comme une certaine courbe... 


07/04/20


« Alors j'ai vu : et voici un cheval verdâtre ; celui qui le montait se nomme la Mort, et le séjour des morts l'accompagnait. Et il leur fut donné pouvoir sur un quart de la terre pour tuer par le glaive, par la famine et par la peste, et par les fauves de la terre »

Livre de l'Apocalypse, 6: 8


L'ampleur effrayante


Ce qui frappe l'imagination, et à bonne raison, dans la situation que nous vivons, c'est la prolifération effarante des cas de contamination partout ou presque à travers le monde. Un cancer planétaire auquel nous assistons médusés, dépassés par la succession d'événements en crescendo auxquels il nous est pour l'heure impossible de barrer la route. Jusqu'où ira le fléau ? Nul ne le sait, surtout qu'il pourrait récidiver alors qu'il frappe déjà trop. Il y a des pays où on entasse les morts sans autre rituel, comme s'il s'agissait d'une production industrielle. Ailleurs, ce sont les mourants auxquels on ne peut que peu ou pas rendre l'hommage d'une dernière visite.

Nous faisons l'expérience de notre fragilité, nous qui nous croyions si forts, pour ne pas dire invincibles. Nous prenons soudainement la mesure de tout ce qu'il faudra mettre en place, et qu'il aurait fallu avoir bien avant, pour éviter pareil gâchis. La tâche de la prévention, sans compter celle de la reconstruction, s'avère d'ores et déjà colossale, et absolument inédite. Il nous faudra beaucoup de créativité, de science et d'organisation ! Un défi, si non une chance, de refaire ce monde sur d'autres bases, plus collectivistes qu'individualistes.

Comment en effet imaginer qu'on puisse s'attaquer efficacement à un problème d'une telle ampleur, même à une échelle nationale, sans une coordination minimale et en n'assurant pas de manière universelle les services de santé requis à toute la population sans exception ? Impossible. Et aussi je n'ose pas croire qu'après cette épreuve commune, d'aucuns seront encore capables de défendre l'idée que le chacun pour soi, comme la loi de la jungle et celle du marché d'ailleurs, constitue la meilleure solution à tous les problèmes. Car la même logique élitiste et désorganisée, par opposition, si nous le voulons, à une égalitaire et planifiée, s'applique dans des domaines tout aussi diversifiés que l'éducation et la sécurité du revenu, auxquels elle pourrait s'étendre par contamination non mortifère cette fois.

Je crois donc que, malgré tout, nous sommes face à une belle occasion qu'il ne faudra pas manquer dès qu'on sera suffisamment sorti de ce cauchemar. En tout cas, moi, cette possibilité me fait rêver. Et je ne pense pas que ce soit de l'optimisme béat que d'avoir un tel espoir. Ça ne veut pas dire que le chemin sera facile, au contraire. Il faudra se retrousser les manches ou baisser les bras. Le second choix n'en est pas un, car il serait suicidaire. L'être humain est adaptable à maintes situations, si non à toutes. Si des nôtres ont pu survivre pendant des millénaires dans des environnements aussi inhospitaliers que le Pôle Nord par exemple, c'est que tout est possible et qu'avec peu de ressources, on peut faire beaucoup. Il faut mobiliser toutes nos énergies pour découvrir, élaborer et édifier tout ce qu'il faudra pour réussir le saut de civilisation auquel nous sommes conviés par les circonstances.

La situation dans laquelle nous sommes placés me rappelle une pensée du philosophe indien Sri Aurobindo, utopiste s'il en est : « La grandeur de l'Homme n'est pas dans ce qu'il est, mais dans ce qu'il rend possible ».



05/04/20

« Tu dis : '' Je suis riche, je me suis enrichi, je ne manque de

rien '', et tu ne sais pas que tu es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! »

Livre de l'Apocalypse, 3: 17

La présomption


Combien de fois ai-je entendu sous toutes sortes de formulations et sur des tons variables mais toujours étonnés et proches de l'incrédulité, y compris de ma part, que jamais de notre vie nous ne pensions faire l'expérience d'une telle situation !

Nous n'avons vraiment rien vu venir, sinon trop tard. Et nos gouvernements non plus. La preuve : aucun ou presque n'était préparé à ça ! Il faut espérer qu'une prochaine fois, nous serons mieux équipés pour faire face, que la leçon aura porté.

Nous venons d'apprendre subitement que rien ne peut être pris pour acquis, et ce, même dans les pays dits riches où le stable confort du grand nombre donnait un faux sentiment de sécurité. Nous nous sentions protégés par tout ce nous avons. Or ce n'était pas l'avoir qui nous manquait. C'était l'être. Nos décisions en effet, qu'elles soient personnelles ou collectives, sont généralement basées sur une vision à courte vue, étriquée par nos intérêts qui sont marqués au sceau de l'égocentrisme et du chauvinisme. Un tel aveuglement est dangereux, voire mortifère, car nous sommes dans le même bateau. C'est la solidarité ou la mort. Nous n'avons donc plus le choix de la coopération : il s'agit d'une exigence vitale.

Qu'avons-nous déjà perdu de notre vie? L'essentiel, je crois. Dans mon cas, par exemple, je n'ai jamais conçu mon existence sans contact humain. L'enseignement, que j'ai longtemps pratiqué, était avant tout pour moi l'occasion de relations avec des personnes de toutes sortes auxquelles j'avais plaisir à m'attacher, à cause de leur diversité justement, mais surtout de leur unicité. Cela m'a toujours nourri. Depuis ma retraite, je comble cette faim qui m'habite toujours en fréquentant des lieux publics tels que les bars. Chaque soir, je n'y cherche qu'à rencontrer un être de mon espèce avec qui partager une part de ce qui nous anime. Je ne peux considérer ma journée complète sans la joie que me procure pareille connexion qui peut parfois devenir charnelle ou demeurer strictement intellectuelle, mais toujours en la chaude présence de l'autre. C'est vous dire à quel point le confinement et la distanciation sociale, même s'ils demeurent, j'en conviens dans les circonstances, nos seuls moyens de défense constituent pour moi une bien triste expérience.

Pour d'autres, des choses différentes donnent sens à leur vie, en sus des relations humaines peut-être. Le travail auquel ils se consacrent et qui les passionne. Ou une entreprise qu'ils ont mis sur pied et qui fait leur fierté. Ou, simplement, le revenu qui doit entrer pour pouvoir manger et payer son loyer, que ce soit uniquement pour soi ou pour sa famille. Or, la crise sanitaire à laquelle on était bien mal préparé vient fragiliser, quand ce n'est pas stopper, la marche vers ces idéaux qui nous guident et dont la difficulté ou l'absence de réalisation fait mal à tout un chacun. Je pense que nous ne voudrons pas revivre cela et que les autorités seront enjointes de prendre des mesures préventives à l'avenir, même si les finances publiques auront été fortement grevées par les conséquences de ce manque de précaution. Cela me donne espoir pour la suite, même si personne ne peut prédire quand on changera de chapitre dans cette histoire.

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